Certaines des filles de moins de 18 ans violées avec pour conséquence des grossesses non désirées, résidant dans la Ville de Kigali, district de Gasabo, secteur Ndera, cellule Masoro révèlent qu’elles préfèrent protéger ceux qui les violent car leurs familles respectives les abandonnent à leur sort.
Ces adolescentes révèlent pourqoui elles préfèrent protéger ceux qui les violent (Foto Alphonse/www.umuringanews.com)
Selon les affirmations de 23 adolescentes qui sont soit enceintes soit porteuses d’un bébé, suite à la violence sexuelle, la protection des présumés responsables de viol est dû au comportement de leurs familles respectives. « Je ne peux pas dénonce qui m’a violée car c’est lui qui m’assiste financièrement pendant que ma famille ne m’accorde plus aucune considération, » déclare une des femmes célibataires de Ndera.
La nommée Ange, un prénom fictif, les larmes coulant sur les joues, a affirmé avoir été violée et engrossée à l’âge de 16 ans. Le présumé coupable était un membre de la famille. Après le viol, c’est elle la victime qui a été condamnée par sa mère. « Juste après avoir été violée par un membre de la famille élargie du côté de ma mère, j’ai informé cette dernière. Elle s’est irritée contre moi et m’a interdit de révéler l’identité du coupable, » a dit Ange. « Comme j’étais encore jeune, confiante en ma mère, j’espérais qu’elle allait intervenir pour trouver une solution à mon problème. A ma grande surprise, elle a protégé le malfaiteur et après l’évasion de ce dernier, elle m’a chassée de la maison, » a révélé cette jeune mère.
Cette victime baptisée Ange explique que cette manière d’agir de la part de sa mère lui a causé une blessure. Elle a ajouté que les mamans ont souvent une responsabilité dans l’impunité des présumés coupables de viol.
Alice (nom fictif), a été également victime de viol et de grossesse non désirée à la fin de sa sixième année primaire. Selon ses affirmations, la famille hôte s’est empressée à la chasser dès qu’elle en fut informée. Le violeur l’assura qu’il allait l’assister et ne fut pas poursuivi en justice. Malheureusement, il n’a pas été honnête.
« Je suis orpheline de père et de mère. J’ai été victime de viol dans la famille qui m’hébergeait. Ces derniers m’ont immédiatement chassée m’accusant d’afficher un comportement de prostituée, » affirme-t-elle. « Celui qui m’a violée m’a promis de m’assurer toute l’assistance nécessaire. Du coup, il m’a remis 10.000 frws. Ce fut tout. Je n’ai plus reçu de ses nouvelles. Il se trouverait en Ouganda, » regrette-t-elle.
Alice accuse la famille hôte d’être en partie responsable de son malheur. « Si l’on m’avait aidée dans la poursuite du présumé coupable de viol au lieu de me mettre à la porte, je n’aurais pas accepté son mensonge et il n’aurait pas échappé à la justice, » signifie-t-elle.
Ces victimes connaissent de nombreux problèmes
Ces 23 adolescentes victimes de viol sexuel dans la cellule Masoro font face à beaucoup de problèmes. Elles citent la perte de la confiance en elles, la dépression, l’isolement, la fin de leurs ambitions, le manque d’emploi car elles sont pour la plupart encore mineures, une vie malheureuse car elles doivent assumer des responsabilités qui dépassent leur capacité, le recours à la prostitution à la recherche des moyens pour survivre et éduquer leur progéniture, …
La particularité des victimes de viol de Masoro
Le chargé des affaires sociales et développement économique dans la cellule Masoro, Claude Mugemangago, relève la perte de la confiance de soi et le manque d’intégration dans la société rwandaise comme une particularité de ces victimes de viol sexuel à Masoro.
« Le viol sexuel est un grand problème mais tout le monde s’est levé pour agir. Ces adolescentes ont besoin de soutien financier. Il faut que la confiance en elles soit rétablie. Ainsi elles pourront affronter la vie pour améliorer leurs conditions socio-économiques. Elles ont besoin également d’information sur la loi qui les protège, » analyse Charles Mugemangago.
Il a montré que dans cette cellule administrative, les victimes de viol sexuel ont l’habitude de cacher les présumés coupables de viol. L’autorité, selon Mugemangago, a commencé à les approcher pour leur expliquer les conséquences d’un pareil comportement.
La première dame demande la prise des sanctions plus sévères
Lors de son intervention pour le lancement de la campagne pour la lutte et la prévention contre la violence sexuelle le 12 décembre 2020, Madame Jeannette Kagame a demandé la collaboration de toutes les instances concernées pour réfléchir sur les mesures exceptionnelles en vue de faire face à cette infraction. Elle a demandé aux juristes de voir si la violence sexuelle faite aux mineurs ne serait pas considérée comme une infraction hors du commun. « Cherchons comment agir pour accélérer les procès des présumés coupables de viol contre les mineurs. Les juristes, à tous les niveaux, doivent se concerter pour que ce crime soit un crime atemporel, et revoyons le soutien consacré à ces enfants, » a-t-elle insisté.
NIKUZE NKUSI Diane